Comment aider un enfant surdoué ?
Un enfant surdoué est souvent un enfant agité
Lorsque mon fils était petit, il était très agité. C’était il y a 20 ans et à cette époque on ne connaissait pas encore très bien l’hyperactivité. Il était impulsif et avait du mal à se concentrer. Ses années de maternelle, il les a pratiquement passées dans le couloir où sa table avait été installée car il perturbait beaucoup la classe. Quand je venais le rechercher, je n’osais rien dire, j’avais honte, je pensais que c’était de ma faute, parce que je ne savais pas le canaliser.
C’était un enfant admirable, d’une grande sensibilité mais personne ne voyait en lui ce qu’il était, tout le monde se plaignait de son comportement, le mettant de côté et pensant qu’il ne savait rien faire.
Qui a appris à lire seul
A 5ans, alors que son petit frère pleurait, il a pris un livre pour lui lire une histoire afin de l’apaiser. Surprise de voir qu’il savait lire, je lui ai demandé où il avait appris. Il me répondit alors que le fait d’avoir sa table dans le couloir lui avait donné beaucoup de liberté. Il avait pu aller écouter à la porte des CP (là où était sa sœur) et s’intéresser à ce que ces élèves faisaient. Tout seul derrière la porte, il avait appris à lire.
Sur le conseil de son institutrice, nous lui avons fait faire des tests. Ceux ci ont révélé que notre enfant était surdoué. Sur le coup j’étais plutôt fière de ce QI plutôt incroyable. Seule une très faible proportion de la population avait son intelligence, je trouvais cela fantastique. Stupidement je pensais que cela allait lui ouvrir toutes les portes, que ses études seraient faciles, que tout serait facile pour lui. Décidément je ne connaissais rien à la surdouance.
Problèmes engendrés par la surdouance
Les deux ou trois années suivantes, il perturbait toujours la classe mais avait un très bon niveau, il était souvent premier. Il semblait plutôt joyeux, pourtant un jour lors d’autres tests, nous avons appris qu’il devenait dépressif.
Je n’ai pas voulu le croire de suite et ai redemandé d’autres tests, puis il a bien fallu se rendre à l’évidence, ce que je croyais être une chance allait lui être une charge.
Il faut comprendre que le fait d’être intelligent ne donne pas la science infuse. Les connaissances ne viennent que parce qu’on les apprend, y compris pour les surdoués. Ils n’ont pas la connaissance en eux, comme par magie. Pour eux l’apprentissage est beaucoup plus rapide, ils comprennent tout de suite et n’ont pas besoin de ré entendre. Puisque le système d’éducation scolaire repose sur la répétition, vous pouvez imaginer combien il pouvait s’ennuyer en classe. Pour que le temps lui paraisse moins long, il faisait d’autres choses, et comme il n’avait rien à faire, il ennuyait les autres, ou faisait des bêtises.
Il avait remarqué depuis un moment qu’il ne fonctionnait pas de la même façon que les autres, et qu’il n’était pas sur la même longueur d’onde qu’eux. Cela le déprimait. Il avait l’impression d’être le vilain petit canard sans vraiment comprendre pourquoi. Il se sous estimait car était conscient des difficultés qu’il causait à autrui, notamment à ses institutrices et à moi. Il finissait même par avoir peur de lui même, de son comportement et de ses conséquences.
Certains enfants surdoués n’ont aucun problème d’adaptation car ils sont équilibrés sur tous les niveaux. Ce n’était pas le cas de mon enfant, comme chez la plupart d’entre eux. Lui avait une grande disparité entre ses différentes capacités. C’était cela qui lui posait problème.
En effet, les enfants précoces sont dotés d’une maturité intellectuelle mais pour la plupart d’entre eux, l’âge affectif ne suit pas l’âge intellectuel, de même il existe souvent un développement psychomoteur en décalage avec cette maturité. La pensée, par exemple, va beaucoup plus vite que la capacité à écrire ce qui provoque des difficultés en écriture. La maladresse émotionnelle qu’ils rencontrent les gêne et leur donne des difficultés à exprimer ce qu’ils ressentent. Cela les rend encore moins compris par l’entourage et les isole encore plus dans un monde qui leur semble différent. Cette dyssynchronie rend leur adaptation difficile et peut être source de troubles si nous n’en prenons pas compte.
Heureusement, il a pu être pris en charge dans une association de surdoué pour le faire travailler et rééquilibrer son système.
En ce qui concerne le cursus scolaire, cette association m’avait conseillé de lui faire sauter deux classes. L’éducation nationale n’était pas trop d’accord parce qu’elle pensait qu’il manquait de maturité et que de ce fait risquerait d’être en souffrance dans un milieu où il ne trouverait pas sa place. Lui ne voulait pas quitter ses copains. Je devais faire un choix, ce n’était pas facile.
L’association m’avait expliqué que pour lui les cours étaient trop faciles. Que son cerveau fonctionnait à toute vitesse, cela lui permettait de trouver les résultats sans faire d’effort et surtout sans apprendre à travailler. De ce fait, il n’apprenait aucune méthode, il suivait juste son instinct. Beaucoup de surdoués réagissent comme cela, c’est pourquoi ils se retrouvent en difficulté lorsque les études se compliquent et deviennent plus difficiles. Sans méthode de travail, sans stratégie, ils se retrouvent perdus et ont la sensation d’un seul coup de devenir stupide. Ils ne comprennent plus, ne maitrisent plus, et finissent par se décourager.
Sans jamais avoir été confrontés à la difficulté, ils n’ont jamais eu à réfléchir donc n’ont jamais appris à raisonner et ne savent plus le faire quand la situation se complique.
Il est donc important de confronter rapidement l’enfant surdoué à la difficulté, le forcer à réfléchir sur un problème, à apprendre des méthodes de travail pour qu’il ait des outils à sa disposition quand les choses seront plus difficiles et qu’il en aura besoin.
Comment aider des enfants surdoués ?
– Si votre enfant est comme le mien l’était, agité en classe, demandez vous s’il est bien à sa place. Peut être est il en difficulté, quelle qu’en soit la raison.
– Si vous vous apercevez qu’il a d’énormes facilités, donnez-lui plus de travail et n’hésitez pas à augmenter légèrement le niveau. Le but n’est pas de le décourager mais de l’entraîner à raisonner afin de l’habituer à travailler et éviter qu’il ne se repose sur ses lauriers. Cela peut vous sembler un peu sévère mais ça lui permettra de réussir plus facilement par la suite.
– Surtout, ne restez pas seul dans la situation, demandez conseil à votre médecin, aux enseignants, aux associations. Et n’hésitez pas à le faire prendre en charge.
S’il est surdoué, il aura remarqué sa différence par rapport aux autres et aura besoin d’explication, de soutien et surtout de savoir qu’on l’aime malgré sa différence. Il pourra également avoir besoin d’aide pour contrôler ses émotions face aux remarques et aux comportements des autres enfants qui auront remarqué eux aussi qu’il est différent.
– N’oubliez pas, qu’il possède une très grande sensibilité, et qu’il ne sait pas exprimer ce qu’il ressent réellement Il peut être en souffrance même s’il ne laisse rien paraitre.
– une prise en charge multidisciplinaire (psychologique, psychomotrice, scolaire) est souvent nécessaire et ne peut que l’aider.
– Enfin, ne croyez pas que son QI, aussi exceptionnel qu’il peut être, va obligatoirement lui faciliter la tâche. Il sera peut être très mature intellectuellement et vous donnera l’impression d’être déjà presque adulte, mais il ne sera qu’un enfant de son âge au niveau affectif et ne devra pas être confronté aux problèmes d’adulte.
Bonjour, je viens de lire votre article.
J’ai le sentiment d’être « surdoué » mais je trouve toujours cela un peu prétentieux de dire ça comme cela.
Je vous contacte car je suis en grande difficulté.
En effet, j’ai le sentiment d’être à côté de la plaque, je comprends parfaitement les gens qui m’entourent, de la même façon que j’ai une très grande capacité à me comprendre moi-même.
Cependant, je ne me sens pas vraiment à ma place, je ne réussi pas vraiment mes études (par manque de repères de méthodes de travail que j’ai souvent délaissés pour mon intuition). On m’a souvent reproché, enfant, de ne faire « aucun effort », de « me reposer sur mes lauriers », « d’être trop impatient », et j’ai toujours eu (et j’ai toujours) un sentiment d’ennui, que ce soit en cours ou dans la vie, une forme de lassitude du monde qui m’entoure.
Je me suis amusé avec des amis à faire des « tests de QI » sur le net et j’ai obtenu des résultats allant de 140 à 150 lorsque mes amis obtenaient entre 100 et 110). Je ne pense pas que ces tests soient réellement fiables, mais je me demande s’ils ne mettent pas en lumière l’écart qui me sépare d’eux tout de même.
Du coup, je me demande si je suis réellement ou non surdoué et si c’est le cas, comment puis-je me servir de cet avantage pour réussir dans ma vie, plutôt que de rater mes études :/
J’ai peur de décevoir mes proches, de mes décevoir moi-même, je n’aime pas ce sentiment d’échec, d’incapacité que j’ai … alors-même qu’en primaire, qu’au collège et jusqu’au lycée, je m’en sortais sans même faire d’effort.
Si vous pouviez me répondre afin qu’on en discute, ça serait vraiment super 🙂
Cordialement,
Vincent.
Bonjour Vincent,
Je ne pense pas que les tests sur internet soient fiables, cependant votre histoire me fait réellement penser à une surdouance. il me faudrait en savoir un peu plus quand même, peut être pourrions nous reprendre la conversation en privé?
sachez cependant que tout ce que vous avez pu entendre sur vous même pendant vos études et ce que vous avez pensé de vous agit encore aujourd’hui. il sera peut être nécessaire de vous débarrasser de certaines croyances pour que votre atout vous serve.
Ce n’est pas forcément facile, même pour un surdoué,de travailler lorsque les choses se compliquent quand on a pas de méthodes (réussir n »est pas une question d’intelligence mais de méthodes et de stratégies); mais en comprenant d’où vient le problème, on peut y remédier. Ayez confiance en vous et en vos capacités, osez affirmer votre personnalité et devenir qui vous êtes.Vous êtes surement beaucoup plus que ce que vous croyez.
En ce qui concerne votre ennui, peut être que ne faites-vous pas ce qui vous passionne mais plutôt ce que les autres attendent de vous dans le but de vous faire aimer…
Si vous voulez en discuter…
Et bien, oui cela me plairait beaucoup d’en discuter avec vous.
Peut-être qu’un échange avec quelqu’un qui s’y connait pourrait m’apporter beaucoup de réponses à mes questions et éventuellement, pourrait m’aider à mieux gérer tout cela 🙂
je suis disponible par mail (vincentimelu@hotmail.fr)
Merci encore 🙂