Aider un étudiant à trouver sa voie
Trouver sa voie est une question que bien des parents sont en droit de se poser quand leur enfant vient d’avoir le fameux sésame qui clôture son cursus scolaire initial. Bien évidemment, en fonction de la voie choisie au lycée, il lui sera plus ou moins difficile de faire un choix car si les sections scientifiques ouvrent à peu près à tout (prépas, études d’ingénieur, médecine, métiers paramédicaux, ESC, etc.), on ne peut pas en dire autant des sections littéraires !
Alors une des suggestions que l’on peut faire est la formation en alternance. En effet rien de tel que de mettre un pied à l’étrier dans le monde du travail tout en continuant à se former. Il est très important de se confronter rapidement au monde du travail pour apprendre à faire face aux réalités du terrain et mettre en application la théorie. C’est sans doute, en tous cas selon moi, la meilleure façon d’intégrer le monde de l’entreprise tout en poursuivant ses études. On acquiert un sens pratique dans l’exécution des tâches qui nous sont confiées et beaucoup de pragmatisme dans la réflexion et la mise en œuvre.
L’inconvénient avec les études dites « initiales », c’est-à-dire en continu, c’est que l’étudiant n’est jamais confronté aux réalités économiques et aux contraintes de l’entreprise. L’alternance permet d’être rapidement opérationnel (ce que tout recruteur souhaite) quand on intègre le marché du travail car à raison de deux semaines par mois, l’étudiant passe du monde de l’entreprise à l’enseignement théorique et vice versa.
Pour avoir enseigné dans une école de commerce qui pratique l’alternance, je peux affirmer que les étudiants de ces classes avaient particulièrement intégré des notions que les élèves des classes initiales n’avaient eux-mêmes pas encore cerné… Et l’écart est d’autant plus grand à la fin de leur cursus respectif. Le paradoxe est qu’en France, les prépas (ouvertes aux futures têtes pensantes du pays) ne débouchent que sur des formations continues (hors médecine et formations paramédicales) comme celles des Grandes Écoles et des écoles d’ingénieurs et que, malgré les stages de fin d’études, on ne laisse guère de place à l’entreprise et à ses réalités quotidiennes. Alors bien sûr me direz-vous, nombre d’intervenants maintenant sont issus du milieu de l’entreprise et c’est tant mieux car ils contribuent fortement à faire entrer de plain pied l’étudiant dans le monde professionnel.
Mais que dire des enseignants qui n’ont jamais mis les pieds dans une entreprise ?
C’est malheureusement le cas de la plupart des professeurs et des dirigeants de notre pays qui passent tous sur les mêmes bancs d’école (Facultés, Sciences Po, HEC + ENA) et qui fort d’un stage en entreprise, de 6 mois souvent, intègrent l’Administration (avec les rouages qu’on y connait) et décident de la façon de formater nos chères têtes blondes (pour les profs) ou décident de l’avenir d’un pays en votant des lois et en légiférant sur l’organisation et le fonctionnement des entreprises… Quelle hérésie !
En ce qui me concerne et cela n’engage que moi, tout homme d’état ou à la tête d’une grande Administration devrait avoir passé au moins dix ans au sein d’une entreprise et serait à même de savoir de quoi il parle quand il doit agir dans l’intérêt collectif, et non au nom d’un Siège qui lui a été confié parce qu’il a gagné ses galons au sein d’une Administration souvent archaïque, pour ne pas dire napoléonienne !
De là résulterait sans doute une meilleure compréhension des réalités économiques et du milieu de l’entreprise par les politiques. L’écart lui-même entre les deux sphères s’en trouverait réduit et on s’orienterait vers une meilleure adéquation de l’affectation des besoins. Une compréhension mutuelle s’établirait, entre besoins et contraintes, ce qui rendrait sans nul doute notre économie plus riche et plus forte.
Qui n’a jamais entendu dire que « c’est en forgeant que l’on devient forgeron » ? Peut-on dire que c’est en faisant de la politique que l’on devient politicien ?
De mon point de vue et pour en revenir au sujet qui nous préoccupe, je suis convaincu du bien-fondé de l’alternance car c’est en alternant théorie et pratique que l’on devient un très bon praticien ! N’est-ce pas le cas aussi bien chez un étudiant en médecine que chez un apprenti soudeur ? Des métiers qui, sans une mise en pratique quotidienne sur le terrain, n’auraient aucun sens.
Bref, l’alternance a de beaux jours devant elle et pourrait bien être la planche de salut de l’emploi dans notre société, en formant dès que possible des jeunes, en les préparant à leur futur métier et leurs futures responsabilités, sans compter sur leur capacité d’adaptation de plus en plus mise à l’épreuve face à l’évolution des technologies et aux mutations de l’économie mondiale.
Et vous qu’en pensez-vous ? Alterner ou ne pas alterner ?